PROGRAMME ÉCONOMIQUE
La mauvaise gouvernance économique caractérisée par la corruption à grande échelle, le détournement des deniers publics, l’inégalité grandissante des revenus et la pauvreté de masse qui contrastent avec les énormes richesses minières, énergétiques, agricoles et halieutiques du pays ont exacerbé les frustrations sociales des Guinéens qui restent, de juste cause, impatients face à la réalisation de leur bien-être tant attendu. La GDT entend répondre à cette attente légitime de la population par la mise en œuvre d’une politique basée sur l’économie de marché qui garantit l’épanouissement collectif dans l’accomplissement individuel.
Maintenir un Vision Globale du Developpemnt
L’impasse développementale dans laquelle se trouve la Guinée s’explique au premier chef par l’absence d’une vision claire et cohérente des actions gouvernementales qui pêchent par le pilotage à vue et le perpétuel recommencement. Aussi il n’est pas étonnant de constater que les gouvernements qui ont connu un minimum de succès économique étaient appuyés par un programme minimum conçu en collaboration avec les partenaires au développement. Partant des expériences réussies ou ratées du passé, la stratégie de développement adoptée sera basée sur une combinaison des 3P-projets-politiques-programmes pour la mise en œuvre des plans d’actions du gouvernement de façon glissante entre les court, moyen et long terme.
Cette stratégie aura l’avantage d’autoriser des ajustements, d’éviter les double-emplois et d’assurer la coordination des politiques du Gouvernement et celles des partenaires au développement. Il sera mis en place une structure spécialisée pour la conception et le suivi-évaluation de cette stratégie glissante, dénommée le Conseil d’Expertise des Secteurs Economiques en Guinée rattachée à la Présidence de la République pour obtenir suffisamment de soutien politique et sera staffée par les meilleurs spécialistes dans chaque discipline. Ce conseil deviendra de ce fait un vivier d’experts qui pourront être redéployés en temps opportun dans d’autres secteurs de l’économie nationale. La stratégie 3P du développement, élaborée avec l’appui des partenaires étrangers, sera basée sur un Plan d’actions consolidées du Gouvernement portant initialement sur 10 ans, soit deux quinquennats, et pourrait être appelée Guinée Vision 2030.
Bâtir des Infrastructures de Support
La vétusté des équipements et la détérioration des infrastructures notamment dans les secteurs de l’eau, de l’électricité et du transport sont des signes visibles de la médiocre qualité de vie de la population guinéenne, en particulier dans les zones urbaines. Par ailleurs, ces infrastructures constituent des préalables à tout déploiement industriel et commercial dont le pays a besoin pour résoudre ses problèmes de développement. Ces contraintes physiques infrastructurelles constituent, en effet, des facteurs d’accroissement des coûts d’installation et d’activité des entreprises, ce qui place la Guinée dans une position compétitive désavantageuse par rapport aux autres pays avec lesquels elle est en concurrence pour attirer les capitaux, les investisseurs et les touristes. Dans les secteurs de l’eau et l’électricité caractérisés par de nombreux problèmes structurels et d’investissements, la réforme consistera à mettre en place le cadre institutionnel, légal et réglementaire combinant judicieusement l’intervention des acteurs publics et privés, nationaux et étrangers pour créer les conditions de viabilisation durable de ces secteurs. Dans les secteurs de transports, de l’habitat et des travaux publics, l’accent sera mis sur la densification du réseau routier interurbain, la réorganisation du mode de transport urbain notamment à Conakry entre les bus, les taxis, les véhicules privés et les Tramways par la signalisation routière et la décomposition périphérie-centre et transversale-longitudinal pour assurer la fluidité du trafic et la protection de l’environnement.
De nouveaux investissements dans le transports entrepris avec le partenariat des grandes compagnies minières, des pays limitrophes et des pays industrialisés toucheront le tracé d’une corniche nationale qui reliera les villes frontalières en passant par les villages reculés, trois chemins de fer Trans-guinéens reliant la capitale aux zones minières et les frontières terrestres Conakry-Mamou-Kankan-Côte d’Ivoire ; Mali-Siguiri-Kankan-Beyla-Nzérékoré-Libéria ; Sierra Leone- Forécariah-Conakry-Boké-Sénégal, l’extension des ports de Conakry et Kamsar et la construction d’un nouveau port minéralier à Benty. Dans le domaine de l’habitat il sera développé une politique d’habitat par gammes de revenus –haut et moyen standing- dans les villes pour remédier à l’anarchie des constructions, et un programme systématique d’habitat rural qui couvrira tout le territoire national afin de rendre plus agréable la vie dans nos campagnes et villages. Sur le plan des télécommunications, il convient d’étendre la couverture et la qualité des services en assurant la diversification des réseaux et en construisant des infrastructures à l’échelle nationale. Enfin, la vulgarisation des nouvelles technologies de communication auprès des jeunes, des communautés et de l’administration dans l’optique de l’e-Gouvernement sera accompagnée du renforcement des capacités des institutions et des acteurs.
Assainir les Finances Publiques
Les mesures prioritaires dans le secteur économique concernent l’assainissement de la gestion des finances publiques en retrouvant l’unicité de caisse, le respect des procédures budgétaires et l’orthodoxie financière en mettant l’accent sur la mobilisation des ressources et la rationalisation des dépenses publiques. Les finances publiques ont été minées ces dernières années par l’évasion fiscale et des distorsions de traitement entre les opérateurs économiques qui biaisent le libre jeu de la concurrence et accroît les inégalités de revenus, la corruptibilité et la corruption des hauts cadres de l’administration. Aussi, un réexamen des exonérations fiscales conventionnelles pour éliminer les tarifs préférentiels s’avère indispensable afin d’accroître les ressources de l’Etat, diminuer l’endettement public et honorer dans le temps des engagements du pays vis-à-vis des fournisseurs intérieurs et des partenaires étrangers. Cela passe par une révision et une adaptation des codes des impôts, des douanes et des mines ainsi que la mise en réseau des systèmes informatiques entre les régies financières (impôts, douanes et trésor) et la chaîne des dépenses.
Du côté des emplois, la gestion publique sous la coupe des exigences militaires a exacerbé les dépenses de souveraineté passant souvent par des canaux extrabudgétaires qui ont sapé la réalisation des objectifs de développement notamment dans les secteurs sociaux prioritaires (éducation, santé…) et les investissements de long terme. La mise en cohérence entre le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP), le Cadre des Dépenses à Moyen Terme (CDMT) et le Budget devra permettre des ajustements réguliers qui respectent la vision globale du développement en empêchant des dépenses sous-optimales. Des mesures tendant à l’interdiction des débits d’office sur le compte du Trésor, la tenue régulière de la comptabilité matières et la pérennisation de la traçabilité des dépenses devraient concourir à la rationalisation des dépenses publiques. L’instauration des mécanismes d’incitations des agents et cadres ainsi que le renforcement des capacités des organes de contrôle notamment l’Inspection Générale des Finances (IGF) et la Cour des Comptes devrait concourir à générer une culture d’imputabilité dans l’administration publique. Sur le plan des relations avec les partenaires au développement, des techniques d’allégement de la dette sous forme de restructuration et de transformation en investissements sociaux dans le cadre de l’Initiative des Pays pauvres très endetté (PPTE) ainsi que des mesures pour accroître la capacité et la qualité d’absorption des ressources extérieures seront prises en collaboration avec les bailleurs de fonds.
Assurer la Stabilité Monetaire
La crédibilité de la politique monétaire est liée, d’une part, à l’indépendance de la Banque centrale des turbulences de la sphère politique et, d’autre part, à l’établissement des règles qui guident les comportements des agents économiques. Si la politique monétaire guinéenne depuis le temps du Syli jusqu’au retour au Franc guinéen a failli dans la production de la confiance en la monnaie nationale, c’est justement parce qu’elle n’a pu respecter ces deux principes de la doctrine monétaire qui ont fait leurs preuves dans les pays à monnaie stable. La souveraineté dans l’émission monétaire ne doit en effet pas être confondue à l’immixtion du Gouvernement dans la conduite de la politique monétaire qui devrait plutôt être laissée aux soins des spécialistes non liés par un quelconque calcul électoraliste, la distribution de rentes clientélistes ou la résorption de déficit budgétaire.
Les conséquences en Guinée ont été l’accroissement de l’inflation et la détérioration continue des taux de change qui ont pris une ampleur dramatique depuis l’éclatement des guerres civiles dans les pays voisins et qui donnaient comme argument aux gouvernements d’interférer dans la gestion de la Banque centrale en recourant aux financements monétaires des déficits publics allant dans des dépenses de défense et de souveraineté. La voie de sortie de cette spirale inflationniste sera la réintégration immédiate d’une zone monétaire viable, en l’occurrence la zone Franc CFA liée à l’Euro, qui aura l’avantage d’imposer une discipline monétaire et fiscale au pays. La stabilité monétaire sera aussi davantage renforcée en palliant à la surliquidité des banques par le développement des programmes de crédits adaptés à la structure et à l’évolution de l’entreprenariat populaire. D’où une politique de démocratisation dans l’accès aux financements des projets et des initiatives privées qui pourra être concrétisée dans les institutions de microfinance afin de mieux toucher les entrepreneurs du secteur informel, les femmes, les villageois, les jeunes et toute autre catégorie entrepreneuriale victime du rationnement de crédit de la part des institutions bancaires classiques.
Rationaliser lesRessources Minières
Qualifiée de « scandale géologique » à cause de la curieuse rencontre dans son sous-sol des ressources minières internationalement recherchées (2/3 des réserves mondiales de bauxites d’aluminium, autant en fer, du nickel, du manganèse, de l’or, du diamant, de l’uranium, du pétrole, du gaz…), la Guinée demeure encore aujourd’hui un « scandale économique ». La mise en réserve prolongée de ces richesses naturelles sous la première république d’Ahmed Sékou TOURE suivie par l’exploitation presque frauduleuse pendant la deuxième république du Général Lansana CONTE sont des facteurs qui expliquent pourquoi la population guinéenne n’arrive toujours pas à jouir des retombées de cette manne providentielle. En effet, la préséance donnée aux conventions par rapport au code minier élaboré en 1995 a laissé la latitude aux bureaucrates de négocier les contrats miniers en leurs propres faveurs et celles des compagnies étrangères au détriment de l’intérêt collectif du peuple guinéen.
Ce qui a entraîné des distorsions de traitement fiscal entre les compagnies minières et une baisse des ressources publiques venant du secteur minier malgré la reprise des prix des matières premières sur le marché international et l’accroissement de l’exploitation minière dans le pays. Pour pallier à cette érosion des ressources internes, La GDT prévoit, avec le nouveau Gouvernement issu des élections, la révision des conventions minières et du code minier pour les aligner sur les meilleures pratiques internationales en la matière et procéder à corriger les distorsions de traitement vis-à-vis des différentes compagnies actives ou potentielles. Par ailleurs, la politique du secteur minier doit être revue dans un programme de développement global pour en faire un levier pour l’intégration industrielle, la réalisation des infrastructures (chemins de fer, routes, ports, barrages hydro-électriques…), l’amélioration des services (banques, tourisme, hôtellerie…) et le développement des zones rurales incluant la protection de l’environnement pour la modernisation de l’économie nationale.
Intégrer l’Industrie et le Commerce
Malgré l’exploitation depuis l’indépendance des grands gisements miniers notamment dans la bauxite, l’or et le diamant, et la présence des grands projets dans le secteur, l’industrie guinéenne reste embryonnaire et, pour l’essentiel, déconnectée du reste de l’économie nationale. Cette situation s’explique par le fait que les grandes compagnies exploitant ces ressources naturelles ont évolué jusqu’ici en îlots produisant ainsi un effet d’envergure limité sur le reste du secteur industriel et commercial. Ce manque d’intégration industrielle qui extravertie la structure de l’économie nationale en la rendant plus vulnérable aux chocs d’origine externe pourra être remédié dans un programme de développement conséquent du secteur minier en tant que levier des autres branches industrielles du pays par la mise en œuvre d’une politique d’intégration verticale grâce à la transformation sur place des gisements en produits finis (par exemple la transformation de la bauxite en alumine puis en aluminium).
Cette politique d’intégration avale qui va aussi produire des externalités positives sur les autres secteurs de l’économie grâce aux contrats de fourniture, de sous-traitance et d’alliances commerciales multiformes contribuera à décoloniser la structure d’exploitation traditionnelle centre-périphérie devenue éminemment coûteuse pour les compagnies minières dans le jeu de la concurrence mondiale. Cette politique d’intégration verticale et horizontale doit être appuyée par une réforme des législations pour simplifier les procédures d’établissement et amoindrir les multiples entraves bureaucratiques et fiscales aux activités commerciales dans le pays. Par ailleurs, des actions concourant au développement des opportunités génératrices de revenus pour un grand nombre de la population notamment par le canal des petites et moyennes entreprises/ petites et moyennes industries (PME/PMI) dans les zones de forte concentration de la population et les zones rurales seront identifiées et mises en œuvre afin de créer les conditions d’une croissance économique à base large. Sur le plan des relations avec l’étranger, une politique active de promotion commerciale du pays doit être mise en œuvre en essayant de prendre avantage des opportunités offertes par des accords commerciaux avec les pays voisins (CEDEAO), les pays de l’Union européenne (ACP), les Etats-Unis (AGOA), la Fédération de la Russie, le Japon, la Chine et d’autres partenaires émergents.
Intensifier et Moderniser l’Industrie Agricole
Anciennement appelée « Rivières du sud» ou « Château d’eau d’Afrique de l’ouest » par les pionniers de la découverte coloniale à cause de ses nombreux affluents abondamment arrosés qui forment les plus grands fleuves de l’Afrique de l’ouest (Niger, Sénégal, Gambie et Mano), la Guinée garde encore intact le potentiel de croissance de son secteur agricole qui emploie près de 70% de sa population active. La capitalisation du secteur agricole qui avait connu un grand intérêt sous la première république par les programmes « révolution verte » et « autosuffisance alimentaire », manifesté par la formation de nombreux techniciens des travaux agricoles et ingénieurs agronomes pour les fermes agropastorales (FAPA), est tombée en désuétude sous la deuxième république. Ce qui a accentué la dépendance alimentaire du pays vis-à-vis des aléas conjoncturels des producteurs étrangers notamment américains et asiatiques qui n’arrivent plus à satisfaire la demande alimentaire mondiale sous les effets combinés du déplacement des habitudes de consommation et de la production des biotechnologies. La situation géographique de la Guinée se prête bien à des politiques volontaristes de prendre avantage des opportunités offertes par la crise alimentaire mondiale actuelle pour développer son agriculture par l’intensification, la mécanisation et la diversification de la production afin d’approvisionner le marché intérieur tout en se positionnant en tant que pays producteur durablement sur les marchés internationaux.
Le développement du secteur agricole qui suppose une plus grande diversification des cultures vivrières (riz, maïs, mil, sorgho, pommes de terre, patates, ignames, arachides…) et de rentes (bananes, ananas, anacardes, oranges, mangues, karité, néré…) sera couplé avec une politique d’intégration verticale pour développer l’agro-industrie afin de minimiser les chocs externes sur l’économie nationale tout en garantissant des prix rémunérateurs et des revenus substantiels aux populations vivant dans les zones rurales. Un programme intégré du développement agricole, pastoral et minier du pays doit incorporer des politiques de protection de la biodiversité en luttant contre la pollution, les nuisances et la désertification afin de garder l’environnement des « Rivières du sud » parmi les plus agréables à vivre au monde.
Mobiliser les Ressources Halieutiques
Les côtes maritimes guinéennes sont des plus poissonneuses d’Afrique, justifiant des convoitises dont elles font l’objet de la part des armateurs européens, japonais et chinois. Si les contrats avec ces pays étrangers, notamment l’Union européenne et le Japon, ont procuré de précieuses ressources aux finances publiques ces dernières années, la piraterie continue à faire évader d’inestimables ressources à l’Etat en causant des dommages collatéraux aux armateurs disposant des licences de pêche officiellement acquises. Par ailleurs, la mauvaise organisation du secteur ne profite qu’aux bureaucrates corrompus en faisant échapper à la population guinéenne non seulement des revenus financiers mais aussi des poissons de qualité pour la consommation locale.
Pour pallier à cette hémorragie financière et capitaliser les ressources halieutiques, La GDT prévoit une réorganisation complète du secteur comprenant le renforcement de la surveillance maritime, le financement adapté, le développement de la pêche continentale, la mise en œuvre des projets piscicoles sur les rivières, les mares et les retenues d’eau, et la constitution des stocks de poissons pour les marchés locaux. Le développement d’une industrie nationale de pêche répondant aux normes internationales passe aussi par le renforcement des capacités des opérateurs aux techniques modernes de débarquement et de conditionnement des poissons.
Rendre Compétitifle Tourisme
Des côtes balnéaires à la forêt vierge en passant par les massifs montagneux et les savanes arborées, la Guinée dispose d’un potentiel de tourisme diversifié qui découle de sa richesse géographique et historique. Le pays est l’un des plus arrosés d’Afrique rendant la nature la plus conviviale, ce qui expliquerait la présence des sièges des grands empires ouest africains comme Niani de l’empire du Mali et Timbo du Fouta théocratique. Malheureusement, la politique isolationniste postindépendance n’a jusqu’ici permis d’exploiter ce vaste potentiel touristique.
La GDT entend accorder une attention particulière au développement et à la valorisation de ce patrimoine touristique par des investissements infrastructurels adéquats, le renforcement des capacités et le marketing-pays. Ce programme doit aussi comprendre la réorganisation de l’artisanat, le désenclavement et l’aménagement des chutes naturelles, des plages sur les côtes maritimes et les fleuves, et du réseau de parcs et aires protégés transfrontaliers de l’Afrique de l’ouest. Le développement du tourisme et de l’hôtellerie se présente par ailleurs comme un utile complément du développement industriel du pays en particulier dans le riche secteur minier.
Prêt(e) à supporter J.B. Beavogui?
Prêt(e) à supporter J.B. Beavogui?